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  • Les liensdu large

    Qui a dit que la voile était un sport de solitaire?

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    Qui a dit que la voile était un sport de solitaire?

 

 

La nuit a été longue, la mer ne les a pas épargnés. Leurs traits tirés contrastent avec leurs gueules souriantes. Mercredi 25 mars 2015, Bernard Stamm et Jean Le Cam franchissent enfin la ligne d'arrivée de la Barcelona World Race (BWR) au large du port catalan. Sous un soleil couchant, la grand voile du monocoque 60 pieds jaune et noir estampillé Cheminées Poujoulat s'affaisse une dernière fois. Durant cette ultime manœuvre, une dizaine de bateaux bravent les flots, cherchant à s'approcher au plus près des deux hommes. A l'image des deux énormes bouées jaunes, cette rencontre symbolise la fin de cette course en double, et l'arrêt du chronomètre. Quatre-vingt-quatre jours, 5 heures, 50 minutes et 25 secondes : le précédent record est pulvérisé de près de dix jours.

A bord des bateaux pneumatiques et des vedettes, les familles, les copains, l'équipe technique. Trois jours qu'ils trépignaient sous un ciel pluvieux. La flotte improvisée n'est plus qu'à quelques mètres de la terre ferme. Du pont, Bernard Stamm et Jean Le Cam aperçoivent la centaine de spectateurs et de journalistes venus les accueillir. Parmi eux, combien sont-ils à avoir à l'esprit l'image du marin solitaire façonnée par les aventures d'un Eric Tabarly ou d'une Florence Arthaud, décédée en mars dernier dans un accident d'hélicoptère ? Dans un coin tranquille du Salon nautique 2014, porte de Versailles à Paris, Michel Desjoyeaux joue à l'analyste, fidèle à son surnom "Le Professeur" : « C'est une spécificité très franco-française. Sur les cinq dernières années, j'ai navigué seulement 30 jours en solo, contre 500 en équipage. Pourtant je suis plus connu pour mes courses en solitaire. »

 

 



A Barcelone, les quelques aficionados groupés en haut des marches menant au ponton applaudissent le duo. Le champagne n'arrose pas le public comme à l'accoutumée. La veille, 150 passagers, dont 42 Espagnols, ont péri dans le crash d'un Airbus A320 dans les Alpes françaises. En ce jour de deuil national, les deux marins posent sobrement leur premier pied à terre. Sur un embarcadère étroit, ils échangent une poignée de main avec leur sponsor. Les installations d'appoint donnent à cette arrivée de tour du monde un faux air d'étape de régate. Dans la journée, une petite scène a été montée à la va-vite à quelques mètres du ponton. L'ensemble aménagé sur la place Portal de la Pau, attenante à l'imposante capitainerie, est à l'image de la popularité de la course : modeste.



« Les choses viennent avec le temps. La culture de la voile en solitaire et en double est relativement récente pour les Espagnols », témoigne avec optimisme Jacques Caraës, directeur sportif de la BWR et lui-même ancien navigateur. Au pied du mirador Christophe Colomb qui surplombe la place, une nuée d'enfants encercle Bernard Stamm et Jean Le Cam. Les deux vainqueurs se dirigent vers la tente de la conférence de presse, située à quelques encablures de là. « Bernard ! Jean ! Una fotografia ! », crient les bambins, smartphone à la main. Chacun pose avec les skippers et repart avec un souvenir, heureux.







Avant d'affronter la masse de journalistes entassée sous le chapiteau blanc, les vainqueurs s'isolent avec leurs proches dans la régie technique. Quelques reporters tentent en vain une incursion. Les navigateurs échangent leurs premiers mots avec leur compagne respective. Les enfants restent pour l'instant en retrait. Ils semblent ne pas vraiment savoir comment réagir. A travers les regards échangés, on ressent l'émotion, entre bonheur des retrouvailles et admiration gênée. Les paroles sont bien choisies : « On reste à Barcelone jusqu'à ce qu'il arrive », glisse Jean Le Cam à sa femme Anne, entre deux bouchées de jambon ibérique. Ce « il », c'est Bruno Garcia. Son co­équipier lors de la précédente édition de la course et concurrent de Le Cam cette année. « Il est hors de question que je ne sois pas là pour l'accueillir. » Un lien fort semble unir ces skippers. Il n'est pas celui d'une profession, de la course au large, mais celui de tout un univers : la mer.



Les cheveux rêches, blanchis par le sel, et l'allure émaciée par trois mois de compétition, Bernard Stamm et son acolyte profitent de ces dernières minutes de calme avant le début de la conférence de presse. L'accostage est brutal. Le verre encore à moitié plein, les deux vainqueurs sont attrapés par le bras et emmenés sous les projecteurs. « Qui mangeait le plus ? », « Le bateau n'était-il pas trop bruyant pour réussir à dormir ? », « Après trois mois de mariage, voulez-vous divorcer ? », « Qu'allez-vous manger ce soir ? » Les sportifs répondent avec un sourire gêné à ces questions légères.

 




Après 40 minutes d'un exercice imposé, les marins retournent s'isoler, cette fois-ci au sein de la capitainerie. A l'abri des regards, ils retrouvent leur entourage autour d'une table où s'amoncellent tapas et charcuterie espagnole. L'ambiance se détend enfin. Les rires fusent. « J'ai râté mon avion hier, c'était chaud. J'ai bien failli ne jamais arriver », raconte l'équipier technique Philippe Laos, dit "Philoune", à un ami. Après plusieurs mésaventures, cet ami de toujours de Jean Le Cam a fini par atterrir à Barcelone. « La galère je m'en fous. Je suis là maintenant, et c'est tout ce qui compte. » Côte à côte, Bernard Stamm et Jean Le Cam échangent un regard de satisfaction. L'exploit se trouve désormais derrière eux. Ce joyeux tableau démonte le fantasme de l'aventurier esseulé imaginé par le public. En solitaire, en double, comme en équipage, la voile reste avant tout une histoire de relations humaines. Les coéquipiers, l'équipe technique, la famille, le public et les concurrents ont tous leur part dans l'épopée.












Mariage de circonstance













« Je me souviens d'une année, au Salon nautique. C'est le matin, je décide de me rendre sur notre stand. C'est là que j'aperçois Kersauson. Il ne me connaît pas. On s'observe pendant un bon quart d'heure puis, tout à coup, il me flanque un magistral coup de poing dans le ventre. J'ai failli lui rendre un coup de boule, mais je n'ai rien fait. Et là, il me dit : "T'as l'air costaud mon gars. J'ai envie de construire un nouveau trimaran, si ça t'intéresse, tu viens." Le lendemain, j'étais à Cherbourg et ça fait 33 ans que ça dure. » Didier Ragot n'a rien oublié de sa rencontre avec l'ultra–médiatique Olivier de Kersauson. Il a été son fidèle lieutenant durant plus de trois décénnies. Leurs premiers échanges semblent tout droit tirés d'un scénario d'Audiard. La scène en dit long sur les liens qui unissent les marins sur terre comme en mer. A l'évocation de Ragot, Olivier de Kersauson, chemise ouverte sur une peau toujours bronzée – il vit aujourd'hui à Tahiti – les cheveux poivre et sel et les traits abîmés par des années de soleil, s'adoucit. Avec sa verve gouailleuse, le recordman du tour du monde en solitaire 1989 confirme : « Didier ? C'est un type génial, on ne se parlait jamais à bord. »




Olivier de Kersauson reste un témoin privilégié des rapports qu'entretiennent les marins entre eux. En solitaire, en double ou en équipage, le Breton a goûté toutes les formules. Et il s'est frotté au plus grand des marins : Eric Tabarly. Il devient son second en 1973, lors d'un tour du monde à bord du Pen Duick VI. Le bateau vogue au large de l'Australie et s'apprête à rencontrer des zones de turbulences. Quarante ans plus tard, attablé dans un café, à quelques mètres de la rédaction d'Europe 1 où il officie ponctuellement, le vieux briscard se souvient, non sans fierté, de la seule phrase qui avait suffit à sceller cet adoubement marin : « Quand Olivier parle, c'est moi qui parle. »





photo d'archive
Extrait du journal Le Télégramme. 25 skippers rendent hommage à Eric Tabarly (au centre).

Comment choisit-on celles ou ceux qui vont partager votre quotidien, dans un espace réduit durant plusieurs semaines ? La formule magique est digne d'un alchimiste. "Kersau" se rappelle de l'époque où il n'était encore qu'un "mousse" dans le sillon de Tabarly. La moindre place valait alors très cher : « On pouvait recevoir jusqu'à 400 candidatures pour venir nous rejoindre. On commençait par en sélectionner une quarantaine. On les testait puis on n'en gardait qu'un ou deux, nous explique-t-il en mimant les chiffres de ses mains puissantes et câleuses. C'est très dur de sélectionner des hommes. On a toujours peur de laisser passer le petit Mozart de la mer et de se dire : "Putain, on ne l'a pas vu." On n'a pas les moyens non plus de se faire enfler par des gens qui n'ont ni le talent ni la volonté de partir en mer. »





Dix-neuf ans plus tard, le "mousse" devient capitaine. En 1992, Olivier de Kersauson et ses hommes se lancent à la conquête du trophée Jules Verne. Au large du Cap Horn, la tension atteint son maximum. La Cocotte–minute est sur le point d'imploser. Le farfelu se confond alors avec l'impensable : deux membres de l'équipage en viennent aux mains pour une vulgaire histoire de saucisse dérobée dans une conserve. "L'Amiral" se refuse de juger les deux affamés mais reconnaît qu'en fonction des niveaux de fatigue, le seuil de tolérance de chacun rétrécit. « Les gens deviennent plus irritables. Sur un tour du monde, il arrive toujours un moment où l'on s'expose au danger. C'est là qu'on peut juger la capacité de chacun à supporter la fatigue et la tension. » Le lauréat du Trophée Jules Verne 2004 n'a pourtant pas toujours arboré ce calme olympien. Il se garde bien de nous rappeler que lors de l'édition 1997, Thomas Coville a été forcé de partager sa couche avec les sacs poubelles. L'impétueux avait osé critiquer le capitaine De Kersauson sur sa gestion des déchets qu'il avait pour habitude de balancer par-dessus bord.

Une fois au large, plus moyen de faire machine arrière. En cas de fatigue, de colère ou de désaccord, on s'accroche. On attend que la houle passe. Marc Pajot, navigateur de 61 ans, a participé aux Jeux Olympiques de 1972 avec son frère Yves d'un an et demi son aîné. Les tensions à bord du bateau, exacerbées par la promiscuité, ce quintuple champion du monde de voile les connaît bien. Mais ça ne l'inquiète pas outre mesure : « C'est comme dans un couple, vous n'avez pas besoin de vous dire les choses pour les comprendre au même moment. » En écho, le Néo–Zélandais Conrad Colman, vraie belle gueule du milieu, lance : « Je défie n'importe quel couple marié de vivre collé l'un à l'autre pendant 90 jours, sans aucun contact avec le monde extérieur. Sur le plan humain, c'est énorme. Tous les jours, la plupart d'entre eux se disputent pour des petites choses, comme oublier d'acheter du lait ou de préparer le dîner. »




je défie n'importe quel couple marié de vivre collé l'un à l'autre pendant 90 jours sans aucun contact avec le monde extérieur.

conrad colman

Mais une fois un équilibre atteint, les forces se décuplent. Vincent Riou, vainqueur du Vendée Globe 2004, confirme : « Tu dors beaucoup plus ! Quand t'es en solitaire, si t'as un problème, un passage de front dans la nuit, tu te démerdes et tu vas dormir après. Même si c'est là où ton sommeil est le plus réparateur. » Pour ne pas prendre de risques, connaître son partenaire avant d'embarquer est primordial, d'après Jacques Caraës, qui, en 1992 remporte la première édition de la Transat AG2R en tandem avec "Le Professeur" Desjoyeaux. De sa bonhomie habituelle, cet enfant du pays des Abers, dans le Finistère, met en garde contre l'une des limites du duo : « Les gens doivent être complémentaires plutôt que d'imposer leur ego l'un à l'autre. »






Ah, l'ego ! Jean Le Cam a navigué avec les plus grands. D'Eric Tabarly à Michel Desjoyeaux en passant par Bernard Stamm, avec qui il a remporté la Barcelona World Race 2015. S'il y a une chose qu'il redoute par-dessus tout, ce n'est ni la météo ni le manque de vivres, c'est l'ego : « Dans une association de personnes, c'est rédhibitoire. Quelqu'un qui a toujours raison n'a pas beaucoup d'intérêt, il n'écoute pas, il n'entend pas l'autre. » Du bout des lèvres, sur le stand de la Fédération Française de Voile au Salon nautique de Paris, "Le Roi Jean" confie avoir déjà été confronté au cours de sa longue carrière à un manque d'honnêteté intellectuelle. « On a eu un désaccord, ce qui peut arriver. Mais là il m'avait délibérément menti, alors que nos outils informatiques venaient le contredire. A partir de là, c'est compliqué de continuer à accorder ma confiance. » Fataliste, il ne fait aucune distinction entre les vieux loups de mers et les jeunes lions dans cette course au tout à l'ego : « Tout le monde peut être malhonnête. Certaines valeurs ne sont pas liées à l'âge, mais à la personne. »



Mais d'autres maux encore plus mystérieux menacent les skippers. Isabelle Autissier, première femme à avoir achevé un tour du monde en compétition, et aujourd'hui présidente de WWF France, raconte un épisode qu'elle a vécu sur une transat entre New York et San Francisco, dans les années 1990 : « Du jour au lendemain, un membre de mon équipage s'est mis à ne plus parler. Sans que je ne sache pourquoi. J'ai essayé de le raisonner mais il ne répondait plus. On a donc été obligé de faire une escale pour le débarquer. Des années plus tard, on en a reparlé, mais il n'a jamais voulu m'expliquer. Je crois que ça fait partie de la vie. » En 2009, cette femme de lettres a publié son premier roman Seule la mer s'en souviendra. Retirée de la compétition, elle philosophe : « De temps en temps, on a le droit de péter les plombs. Les gens sont une chose à terre et une autre en mer. Ça n'a rien à voir. »


Dans cette écume, on en viendrait presque à oublier que le sponsor a aussi son mot à dire. Sans lui, le navigateur ne peut pas partir en mer. La conception d'un bateau et la préparation d'un tour du monde peut coûter jusqu'à 2,5 millions d'euros par an. Dans ces conditions, difficile pour le skipper de ne pas se plier aux exigences du financier, comme le rappelle Vincent Riou. « C'est le marin qui choisit son partenaire car c'est quand même une histoire d'Hommes. Mais il faut aussi rester cohérent avec les besoins et les envies du sponsor. S'il vend des pots de confiture, il va choisir un marin qui a une belle gueule pour toucher la ménagère de 40 ans. S'il vend des sacs de ciment, ça ne lui sert à rien », analyse celui qui est sponsorisé depuis plus de dix ans par le bétonneur PRB.



Pour d'autres, mieux vaut que chacun reste à sa place. Le double vainqueur de la Route du Rhum (2006 et 2010) Roland Jourdain, dit "Bilou", qu'on rencontre au Salon nautique de Paris, pérore sur les liens entre marins et financiers : « Ce n'est pas sain que le sponsor s'occupe des décisions sportives. De la même manière qu'il n'est pas sain que le skipper aille s'occuper des affaires de son sponsor. » Michel Desjoyeaux va dans son sens : « Imagine que je m'engage dans une épreuve de danse sur glace, on ne va pas m'imposer celui ou celle avec qui je vais patiner ! »


A l'inverse, Armel Le Cléac'h fait partie de cette nouvelle génération de skippers qui travaillent en étroite collaboration avec les sponsors. Juste avant le départ de la dernière Route du Rhum, en 2014, il se sectionne accidentellement un tendon de la main droite et ne peut pas prendre le départ de la course. Il rédige alors une short-list de skippers pour le remplacer, qu'il soumet à son sponsor Banque Populaire. "Le Chacal" explique : « Ils ont fini par valider Loïck Peyron, le premier nom que j'avais écrit. On essaie d'échanger un maximum sur ces choses-là. Il faut qu'on fonctionne en triangle ».



Finalement, c'est Jean-Pierre Dick, triple vainqueur de la Transat Jacques Vabre (2003, 2005 et 2011) et double vainqueur de la Barcelona World Race (2008 et 2011), qui résume peut-être le mieux la délicate question de la relation entre les marins : « On vient tous d'horizons différents. Bernard Stamm était bûcheron, moi vétérinaire. Ceux qui gagnent et qui vont loin ont les mêmes objectifs et bâtissent un projet ensemble, en s'affranchissant de toutes les contraintes. » Présent au départ de la BWR en spectateur averti, ce palmarès massif de la voile française nous livre le petit ingrédient qui fait la différence : « Le conseil que je donnerais aux solitaires qui veulent s'essayer au duo ou à l'équipage, c'est de se mettre à égalité. Il ne faut pas qu'un skipper écrase l'autre. Le duo doit aboutir à quelque chose de nouveau. Il faut être capable de résoudre cette tumultueuse équation du 1+1 = 3. »












Les hommes de l'ombre













Un rayon de soleil tente de percer le ciel grisâtre surplombant Port-la-Forêt. C'est près de ce port de plaisance, situé à La Forêt-Fouesnant dans le Finistère, que de nombreux grands navigateurs ont élu domicile dès les années 1960, parmi lesquels Michel Desjoyeaux et Jean Le Cam. Depuis, le pôle forestois, labélisé "ELITE", voit les plus grands skippers s'entraîner côte à côte. Entre deux virées en mer, on retrouve la jeune génération, François Gabart ou Armel Le Cléac'h, aux côtés de ces vieux briscards à l'une des tables du bar La Hune. Le long de la route qui mène aux pontons, quelques voiliers de plaisance occupent un parking en attendant l'arrivée des beaux jours. Le crachin breton s'abat sur la tôle de trois hangars. Difficile d'imaginer qu'à l'intérieur de ces bâtiments austères siège depuis près de 30 ans l'entreprise CDK Technologies, concepteur de bateaux parmi les plus rapides au monde. Le Foncia et le Macif 60 pieds avec lesquels Michel Desjoyeaux et François Gabart ont respectivement remporté les deux derniers Vendée Globe, c'est CDK.





photo d'archive
Coupure du journal régional Le Télégramme, 1990.

Une fois les portes poussées, l'air marin laisse place à une puissante odeur de bois, de résine et de poussière. D'un pas rapide, Michel Ollivier, le directeur d'exploitation, entame la visite de l'entreprise. Brusquement, il s'arrête devant une salle du hangar. Une dizaine de personnes, accroupies dans une coque, étale des morceaux de carbone qui, une fois passés au four, viendront la rigidifier. « Photos interdites », prévient Michel Ollivier. Ici la construction des potentiels vainqueurs du « Vendée » est confidentielle. Quelques mètres plus loin, André conçoit des cale-pieds. Le menuisier avoue ne pas être un « voileux ». Ils sont des dizaines comme lui à s'affairer parfois pendant un an pour que la crème des voiliers de course soit mise à l'eau. Si les plus grands noms de la voile franchissent la ligne d'arrivée les bras levés, c'est aussi grâce à leur travail.



Construire plutôt que naviguer. Tous n'ont pas le pied marin mais suivent avec attention les bateaux une fois sortis de l'entrepôt. « On fabrique les pièces de A à Z. Ça fait toujours plaisir de voir un de nos engins remporter une compétition. Le Banque Populaire qui a gagné la Route du Rhum, c'est nous, crâne André, en référence à la victoire de Loïck Peyron fin 2014. Si le bateau tient le coup, c'est qu'on a fait du bon boulot. Je ne suis qu'un petit menuisier mais je suis quand même fier du résultat final. » Le suivi du processus de fabrication dépend beaucoup de la personnalité du marin. « Certains sont invasifs. Dans son style, Jean Le Cam est un champion du monde, nous glisse Michel Ollivier. Il est compétent techniquement et il a besoin de savoir le tréfonds du fin fond de la fabrication de ses bateaux. »



À l'inverse, les jeunes skippers ont tendance à déléguer la partie construction de l'embarcation. Didier Ragot, second et ami intime d'Olivier de Kersauson, confirme que la nouvelle génération traîne moins dans les hangars que les anciens. « J'ai l'impression qu'aujourd'hui beaucoup de marins sont formés pour être avant tout des coureurs, qu'ils ne savent pas vraiment comment est construite leur monture. De mon temps, je n'aurais jamais pu grimper sur un bateau sans avoir participé à sa construction. » De son côté, Michel Ollivier préfère nuancer : « Ils sont simplement moins impliqués au quotidien. François Gabart, par exemple, on ne le voit pas beaucoup. Mais il est très au courant de comment est fabriqué son bateau. Dans la phase de conception, c'est surtout avec l'architecte que le marin échange. »



Au même moment, dans le port de Brest, le vent souffle fort en ce début de novembre 2014. Au milieu des voiliers de plaisance, un bateau détone autant par sa taille que par ses couleurs jaune et noir. Sur un des flancs, a été accrochée une longue banderole rouge où figurent les visages de Bernard Stamm et Jean Le Cam. Accroupi sur le pont du bateau, Philippe Legros, directeur technique de l'IMOCA Cheminées Poujoulat, manipule méticuleusement des outils. A huit semaines du départ de la Barcelona World Race 2014 (BWR), l'heure est à l'inventaire. « Je fais la check-list du matériel de sécurité, explique-t-il sans même relever la tête. Ils partent pour un tour du monde, la liste est forcément très longue. »





  • CDK, Port-la-Forêt


A 500 kilomètres de là, dans le 10e arrondissement de Paris, se trouve le cabinet d'architecture navale Van Peteghem Lauriot Prévost (VPLP). A l'intérieur, les murs de l'open-space moderne et lumineux sont couverts d'affiches et de plans de bateaux. Comme CDK, le nom de VPLP n'est pas connu du grand public. Comme CDK, le cabinet contribue depuis près de 30 ans aux performances et aux succès des skippers. « Sur les six ou sept grands bateaux en lice pour la dernière Route du Rhum, un seul n'était pas de chez nous, affirme le patron du cabinet Marc Van Peteghem en jouant les modestes. C'est à la fois super pour nous et un peu inquiétant, parce que ça veut dire qu'il n'y a pas ou peu de concurrence. »

L'épopée de VPLP débute en 1984 au moment de la Transat anglaise, une course en solitaire arrêtée en 2012. D'une voix douce et calme, Marc Van Peteghem raconte l'histoire. Puis marque un temps d'arrêt lorsque le nom Gérard Lambertest évoqué. Derrière ses petites lunettes rondes, ses yeux s'embuent, sa voix devient chevrotante : « Il a disparu en mer... » Dans la pièce, l'atmosphère devient pesante. « On avait fait tous les calculs à la main, la structure, l'hydro, l'aéro... Il y avait plus de place pour l'intuition. Beaucoup de nos discussions se faisaient autour d'un verre au bistrot. C'était un tout autre monde. » Gérard Lambert n'est pas un homme. C'est un bateau. Parrainé par le chanteur Renaud, il a brusquement disparu lors de la Route du Rhum 1986 après une collision avec un cargo. L'architecte en garde un triste souvenir.



Depuis la fin des années 1980, crayons, papiers et double-décimètre ont laissé place à des logiciels pointus. Résultat, en 30 ans, la vitesse moyenne des bateaux a doublé. La victoire ne se joue plus à la table du bistro, elle se joue à coups de calculs informatiques. Assiste-t-on pour autant à un désenchantement des relations entre marin et architecte ? « Pas du tout, la communication reste indispensable, insiste Marc Van Peteghem. La mer est un milieu très hétérogène. Seul le marin peut nous apporter un retour technique de ce qui se passe à bord, à partir de son ressenti. Cette dimension humaine est très importante. » De ces projets menés par l'architecte et le marin, il en ressort forcément des histoires, voire des amitiés. « Il y a eu des étapes, des personnes, des bateaux qui représentent beaucoup pour nous, se remémore Marc Van Peteghem, la voix vibrante. La victoire de Florence Arthaud lors de la Route du Rhum 1990, ou celle de notre trimaran lors de la Coupe de l'America en 2010 ont marqué l'histoire de ce sport, mais aussi la nôtre. » Qu'ils soient constructeurs, architectes, voiliers ou encore gréeurs : tous apportent leur pierre à l'édifice.




  • Dessins de plans, au crayon puis numérisés.
 


Une fois le bateau terminé, ces constructeurs s'effacent au profit d'une poignée de spécialistes qui ne quitteront plus le navire jusqu'au départ de la course : l'équipe technique. Rien ne doit échapper à ces hommes qui ont la lourde tâche de préparer le bateau. « S'ils font une connerie, je peux mourir », résume Isabelle Autissier, première femme à avoir achevé un tour du monde en compétition. Parler de confiance entre le marin et l'équipe technique relève de l'euphémisme. « Ce n'est pas parce qu'on navigue en solitaire qu'on prépare tout tout seul, au contraire. Une fois en mer, c'est grâce à l'équipe technique que l'on peut bien faire les choses », assure Michel Desjoyeaux, triple vainqueur de la Solitaire du Figaro (1992, 1998 et 2007).

Si de nos jours, l'équipe technique est indispensable, elle ne l'a pas toujours été. Jusque dans les années 1970, le marin jouait aussi le rôle de technicien. « L'équipe technique, c'était nous », relate Olivier de Kersauson. Ce n'est qu'au début des années 1980 que les techniciens ont investi le pont des bateaux. Aujourd'hui reconverti dans le business du yacht, Marc Pajot a fait partie des premiers marins à s'entourer d'une équipe technique. « Quatre ou cinq personnes m'assistaient », se rappelle cet « entrepreneur-navigateur ». Avec le catamaran Elf Aquitaine, il fut l'instigateur d'une certaine professionnalisation de la voile. « C'était le début des préparateurs, avec des gens qui commencaient à rester à terre. On habitait encore tous ensemble dans la même maison. Aujourd'hui, les choses ont changé. Tout est beaucoup plus organisé. »





on habitait encore tous ensemble dans la même maison. Aujourd'hui, les choses ont changé.

marc pajot

Autre personne clé de l'équipe technique : le routeur. Jean-Yves Bernot est l'un des meilleurs du genre. Et quand il ne "route" pas, il forme les marins à la météorologie et à la stratégie de course. « Tout ça s'est développé au milieu des années 1990 quand on a vu arriver une sophistication de la prévision météo, quand on a pu embarquer l'informatique à bord des bateaux et récupérer l'information météo via la communication par satellite », énumère Bernot. Grâce à cela, il a déjà entamé la préparation de François Gabart pour le prochain Vendée Globe. Un boulot qui nécessite beaucoup de temps. « C'est un peu comme pour un pilote de chasse. Il ne peut pas acquérir les réflexes d'un seul coup. On les entraîne pendant des heures pour que ces réflexes surgissent au bon moment. »




Après la préparation vient le temps de la veille. Une fois le bateau parti en course, l'équipe technique ne se repose pas, bien au contraire. « Lors du dernier Vendée Globe [2012, ndlr], les galères ont duré tout le long de la course, c'était vraiment atroce, se remémore Philippe Legros, alors "fil rouge" sur terre de Bernard Stamm. J'étais accroché 24h sur 24 à mon téléphone. Je faisais attention à toujours avoir de la batterie et du réseau afin de pouvoir entendre parfaitement toutes les demandes de Bernard. Pour y répondre, il fallait aussi que j'ai en tête toutes les données dont il pouvait avoir besoin. » Pour les skippers, les techniciens doivent connaître parfaitement chaque recoin du bateau.



Lors de ses préparations d'avant–course, Armel Le Cléac'h embarque parfois ses hommes avec lui : « C'est intéressant qu'ils aient ce regard "de l'intérieur", qu'ils se rendent compte de ce dont on peut avoir besoin en mer en cas de problème. » Du côté de Cheminées Poujoulat aussi, deux membres de l'équipe technique ont embarqué avec Bernard Stamm et Jean Le Cam sur l'IMOCA 60 pieds, à la fin du mois de novembre. L'autre moitié les a suivis à bord d'un semi-remorque faisant office d'atelier technique. Direction l'Espagne, dans une ville bien plus connue pour son équipe de foot que pour sa course en double autour du monde : Barcelone.














soudés dans l'adversité













L'accolade est franche, appuyée. Les deux hommes qui se font face sur le ponton catalan, ce 31 décembre 2014, sont amis. En 2010, lors de la seconde édition de la Barcelona World Race, ils embarquaient ensemble pour un tour du monde en double, sans escale et sans assistance. Cette fois, Jean Le Cam et Bruno Garcia s'affrontent. Avant le départ, ils tiennent à s'embrasser. Un geste « évident » pour le navigateur français, rasé de près et les cheveux coupés - son rituel d'avant-course. « C'est normal de le saluer. Il va tenter de réaliser la même chose que nous. Nous allons juste essayer d'arriver avant lui », dit-il en souriant. Cette affection mêlée de rivalité et de méfiance est propre à la voile. Mais derrière cette image d'Epinal, une fois en mer, les liens tissés à terre changent du tout au tout. Ce matin-là, aucun des participants à la course ne s'éternise. Très vite, chacun rejoint son coéquipier. Dans quelques minutes, la compétition reprendra ses droits. Les skippers n'ont qu'un objectif : remporter la course, sans épargner les copains.



En mer, les marins ne s'adressent pas la parole tous les jours, mais ça ne les empêche pas de partager des moments de complicité avec leurs concurrents. Isabelle Autissier, pionnière de la course au large et officier de la Légion d'honneur, détaille : « Dès que je le pouvais, ça m'amusait de discuter avec les copains. On vivait la même chose, c'était plus facile pour nous de blaguer. » Cette camaraderie est-elle compatible avec la recherche de la victoire ? « C'est toujours un sujet délicat parce que j'ai des attaches d'ordre affectif avec des gens qui sont aussi mes concurrents », reconnaît Vincent Riou. Depuis une dizaine d'années, le téléphone est délaissé par les navigateurs au profit des e-mails, moins intrusifs et moins chronophages.






  • Les skippers de la BWR à Barcelone,
    décembre 2014.
 

Au rythme des océans, on se taquine, on se réconforte. Derrière sa pugnacité, "Le Chacal" Le Cléac'h prend le temps de trouver les mots : « Pendant le Vendée, j'ai échangé quelques e-mails avec des concurrents quand, malheureusement, ils ont dû abandonner. Je voulais envoyer un message de soutien. » Mais la tradition maritime reste ancrée dans l'esprit des skippers. « Le Vendée Globe est un marathon. C'est extrêmement prenant et en mer, c'est chacun pour soi », explique Le Cléac'h. Un constat tempéré par celui que la presse présente comme son « meilleur ennemi », son « faux frère » de cinq ans son cadet : François Gabart. Les deux jeunes navigateurs, respectivement premier et deuxième du Vendée Globe 2012, se sont parfois retrouvés, le temps d'une courte conversation.






Pendant des années, faute de moyens, les concurrents sont restés à bord cantonnés au silence. À 61 ans, Marc Pajot, ancien équipier d'Eric Tabarly, se remémore : « À mon époque, il n'y avait aucune communication. Nous n'avions pas les moyens techniques ni le temps de discuter d'un bateau à l'autre. » épaules carrées et peau burinée, Olivier de Kersauson va dans le même sens : « Quand j'ai réalisé le record du monde en solitaire [en 1989, ndlr.], il n'y avait ni GPS, ni données météo, ni téléphone. De temps en temps, j'arrivais à joindre Brest par bande latérale unique (BLU) mais ça passait une fois tous les dix jours. »





L'arrivée de nouvelles technologies sur les bateaux n'a pas pour autant modifié les habitudes des skippers. Ce silence est une marque de respect pour l'Espagnol Bruno Garcia. « Tu n'as pas le droit de déranger ou de perturber la course des autres », assène le navigateur dans un français aux assonances ibériques. Communiquer avec ses concurrents présente même un risque. Le sourire en coin et l'air canaille, le marin suisse Bernard Stamm met en garde : « On ne peut jamais croire un concurrent. Il ment comme il respire. Tant qu'il y a un doute, il ne faut pas l'écouter. »



Dans les allées du Salon nautique de Paris, Michel Desjoyeaux dévoile une facette de sa personnalité méconnue du grand public. « Je suis un compétiteur. Un concurrent est un concurrent. L'appeler pendant une course, pour moi, c'est presque une marque de faiblesse, c'est se placer en dessous. » Une intransigeance qui amuse ses collègues. L'un deux, goguenard, confesse : « Si tu veux faire chier Desjoyeaux, tu l'appelles. On le sait tous, ça l'énerve, il devient dingue. Il raccroche en général. On l'a déjà fait pour se marrer. »



Au-delà de la plaisanterie, ce mutisme relève du choix tactique pour Michel Desjoyeaux : « Je suis sur Internet ce qui se passe pendant la course. Quand, dans une vidéo, un concurrent a un problème technique et se lamente, c'est une information. Je sais quel type de problème il a, à quel point ça dégrade ses performances. La difficulté qu'il rencontre, je peux la rencontrer. Ça me permet de rester vigilant. » A 49 ans, celui qu'on surnomme "Le Professeur" a acquis une réputation de fin stratège. « Dans le ton de la voix et dans la nature des échanges, je comprends vite pourquoi le concurrent m'appelle. Parfois, je me dis : "Toi mon coco, tu es venu chercher une info mais tu ne l'auras pas", glisse-t-il avec un clin d'oeil. C'est le jeu. Certains ne comprennent pas que la communication est une arme redoutable. »

 

Une arme redoutable et parfois vitale. Nous sommes en 2009, les marins entament le 57e jour de course de cette 6e édition du Vendée Globe. Vue du ciel, la voile immergée du bateau ressemble à une triste baleine. Sur la coque, entièrement retournée, la quille orange se dresse au milieu de l'eau. Il est 1h30 du matin. Jean Le Cam chavire à bord de VM Matériaux, son IMOCA 60 pieds, à l'ouest du Cap Horn. « Au moment où son bateau se retourne, j'ai Jean au téléphone », raconte le skipper Vincent Riou. La communication est interrompue. L'angoisse monte. Très vite, Le Cam enfile sa combinaison de survie (Thermique Protection Survie). À 2h40, la première balise de détresse est envoyée. Riou et Le Cléac'h, tout deux à proximité de la zone, se déroutent. Vincent Riou explique : « C'est une obligation. En mer comme à terre, c'est le principe d'assistance à personne en danger qui prime. »






6 janvier 2009. Jean Le Cam est enfermé dans la coque de son bateau. (crédit Reuters)
 

Les conditions météorologiques, particulièrement mauvaises ce jour-là, rendent l'intervention des MRCC impossible. La température de l'eau oscille entre trois et cinq degrés. « Tu as beau avoir une combinaison, au bout de 24 heures, l'hypothermie finit par te gagner », poursuit Vincent Riou, "Le Terrible". Après 18 heures d'incertitude et de « stress intense », Riou parvient à secourir son adversaire, sain et sauf. « Pour le récupérer, il fallait lui lancer un bout de cordage, un harnais pour qu'il puisse s'y attacher et le ramener à bord. Mais avec le vent, j'ai dû m'y reprendre à cinq ou six reprises. Jean était accroché à son safran et ballottait comme un sachet de thé, raconte le skipper. Je devais le sauver. »





jean était accroché à son safran et ballottait comme un sachet de thé.

vincent riou

Dans la manoeuvre, le marin casse une pièce de gréement. Pour couronner le tout, 24 heures après avoir sauvé Jean Le Cam, il démâte et doit abandonner. Six ans après, son sentiment n'a pas changé : « À ce moment-là, je n'en avais pas grand-chose à foutre de ma course. J'étais déconnecté, en mode sauvetage. Quand j'ai récupéré Jean, c'était parfait, c'était le plus important. » En cas de crise, c'est tout un processus de gestion qui est mis en place. À terre, les proches du marin sont régulièrement informés de l'évolution de la situation.



Des histoires similaires accompagnent chaque marin. Isabelle Autissier se souvient de sa participation au Vendée Globe 1996. Le skipper canadien Gerry Roufs, en seconde position de la course, affronte une violente tempête. Sa balise cesse d'émettre. Isabelle Autissier se lance à sa recherche : « Je me suis dérivée pendant deux jours pour le retrouver. Je n'ai pas réussi, la météo était très mauvaise. Six mois plus tard, on a retrouvé son bateau à l'envers, sur les côtes chiliennes. » Dans sa dernière communication avec le PC-course, Gerry Roufs confiera : « Les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes. »



Une expérience traumatisante pour la navigatrice qui en tirera des leçons. Trois ans plus tard, elle s'élance pour un énième tour du monde en solitaire, l'Around Alone 1999. Avant son départ, Isabelle Autissier aménage un hublot et un radeau de survie à l'arrière de son bateau. À l'époque, ces mesures de sécurité ne sont pas obligatoires. Fataliste depuis la disparition de Gerry Roufs, la navigatrice pense qu'elle n'est pas à l'abri d'une tragédie similaire : « Je me suis préparée en conséquence et ça m'a sauvé la vie quand j'ai chaviré. » Le danger rapproche les skippers. Jean Le Cam s'épanche : « On sait que la mer peut se déchaîner, c'est un élément naturel que l'Homme ne maîtrise pas. C'est cette différence avec les autres disciplines sportives qui instaure une solidarité particulière entre marins. »





JT de France2, 11/01/97. Vendée Globe 1996, les naufrages s'enchaînent. (Crédit INA)
 

Un sujet réalisé par Cyril Camu, Benjamin Derveaux, Morgane Le Cam , Aude Massiot, Julien Rebucci , Hélène Sergent
Développement web : Bernard Camu
Remerciements à Maya Blanc, David Doucet, Isabel Genis, Gaëtan Gouerou